N°4 TEXTE ET ILLUSTR.LEMAIRE

L’ACTIVITE DE L’ACADEMIE EUROPEENNE DES SCIENCES,
DES ARTS ET DES LETTRES

par le Docteur Nicole LEMAIRE D’AGAGGIO
Secrétaire Général fondateur

La première des réunions organisées par l’Académie Européenne se déroula les 13, 14 et 15 novembre 1980, en la Maison de l’UNESCO à Paris. Elle rassemblait 250 participants.
L’objectif de cette réunion était d’étudier les « Relations actuelles entre les sciences, les arts et la philosophie. »
Le journal Le Monde publia un compte-rendu de cette réunion. Et un rapport très détaillé fut présenté par le journal Léonardo avec l’essentiel des principales interventions, notamment celle du Professeur Prigogine, Prix Nobel de Chimie, qui évoqua « Le temps, la durée et le devenir . »

Dès 1980, l’Académie Européenne s’était engagée à œuvrer dans le cadre de la santé, et plus particulièrement pour la prévention et le traitement des maladies graves. C’est pourquoi, dès 1989 elle devait s’engager dans la recherche d’un candidat-vaccin contre le SIDA, qui, entre-temps, était devenu un véritable fléau mondial.

Dès 1980, son objectif fut également de créer une « conscience européenne ». L’Académie en devenant ouverte sur les autres continents, devait développer cette idée vers une « conscience mondiale », en s’appuyant sur des rencontres entre les grands créateurs du XXe et XXIe siècles pour trouver une approche à l’analyse des grands problèmes mondiaux, qui toujours devraient être orientés vers la Paix dans le monde.

C’est en 1981 que débuta un très important colloque international sur le thème « Innovation et Société », qui fut divisé en cinq parties.
La première partie était consacrée à « L’engrenage des innovations scientifiques, socio-économiques et culturelles ».
Cette rencontre eut lieu en la Maison de l’UNESCO.
Plusieurs journaux publièrent les comptes-rendus de cette première partie du colloque.
Notamment, la Revue des Questions Scientifiques mit l’accent sur l’équilibre à rechercher, en tenant compte des aspects complémentaires de la réalité : vie intérieure, vie extérieure. Qualitatif et quantitatif, irrationnel et rationnel, besoins matériels et besoins spirituels, vérité scientifique et vérité mythique, en donnant à chaque culture endogène sa place dans la culture mondiale, et insistant encore sur le fait que l’innovation au service de la PAIX, devait davantage être prise en compte ;
Pour soutenir ces innovations de recherches scientifiques, l’Académie Européenne attirait l’attention des gouvernements sur l’intérêt de renforcer les moyens mis à la disposition de la recherche fondamentale et de créer des Conseils Nationaux de la recherche, d’où pourrait dériver ensuite des Conseils Régionaux, et, un Conseil Mondial, constitués essentiellement de scientifiques de haut niveau.

La deuxième partie du colloque traitait de la « Perception des besoins de la société en innovation et la satisfaction de ces besoins ».
Elle se déroula au Palais des Académies de Bruxelles, les 18, 19 et 20 novembre 1982, en présence du Roi Baudoin, et de la Reine Fabiola qui accorda une audience privée aux organisateurs du colloque.

La troisième partie de notre Colloque concerna « Les innovations pédagogiques et le transfert des connaissances entre nations ».
Il fut organisé au Portugal du 13 au 15 décembre 1983, dans le cadre de la Fondation Gulbenkian, avec le concours des Académies Portugaises des Sciences, des Beaux-Arts, et d’Histoire.

La quatrième partie du colloque fut consacrée à l’examen de « L’impact des sciences de la vie  ». Il se déroula sous les auspices des Académies Royales de Suède, à Stockholm et à Uppsala, du 26 au 28 novembre 1984.

Enfin, la cinquième, et dernière partie du colloque « Innovation et Société », fut organisée du 4 au 7 octobre 1985 sur le thème « L’impact des sciences exactes » à l’Académie des Sciences de Bulgarie dans le Palais National de la Culture à Sofia.

C’est encore en 1986 que l’UNESCO célébra son 40ème anniversaire, qui donna lieu pour l’Académie Européenne à un colloque sur « L’espace culturel scientifique européen et son rôle dans le dialogue Nord-Sud »,du 4 au 6 novembre 1986.
Son Excellence Monsieur M’Bow, alors Directeur Général de l’UNESCO, prononça à cette occasion l’allocution d’ouverture.

Lorsqu’à la fin de l’année 1988, le Professeur Federico Mayor fut élu Directeur Général de l’UNESCO, je pris sur moi de l’inciter à lancer une action contre le SIDA. Même si cette initiative paraissait plutôt du domaine de l’Organisation Mondiale de la Santé. Trois mois après mon intervention sur ce point, il chargea son Conseiller le Professeur Augusto Forti d’étudier avec le professeur DAUDEL la possibilité de rassembler un groupe international de laboratoires effectuant des recherches de pointe contre les virus, et, en particulier, ceux du SIDA.

Notre Président consulta son collègue Montagnier co-découvreur des deux virus du SIDA. Grâce à cette nouvelle collaboration, la mission souhaitée par le Directeur Général de l’UNESCO, porta ses fruits. Ce groupe de laboratoires prit le nom de
« L’homme contre les virus ». Depuis 15 années, sous la présidence du professeur Montagnier, il travaille à la mise au point d’un candidat-vaccin contre le SIDA, qui, à ce jour est maintenant presque achevé.

Ce candidat-vaccin contre le SIDA se présente en fait sous forme de cinq candidats-vaccins sous unitaires légèrement différents, dont on teste, actuellement, l’efficacité sur les lapins.
C’est fin 2005 que l’on pourra commencer à mesurer l’efficacité de ces candidats-vaccins sur des êtres humains.

C’est encore en 1988 que les Jeux Olympiques de Séoul, en Corée, furent organisés, en reprenant et en élargissant l’idée des Olympiades des Arts selon la tradition des Jeux Olympiques de l’Antiquité, auxquelles notre Académie fut étroitement liée. Une Conférence Académique Mondiale eut lieu à Séoul, dont l’objectif était de renforcer les liens entre l’Est et l’Ouest du monde, en vue de la création d’une Culture globale. Six cents éminents scientifiques, universitaires, philosophes, économistes, écrivains, poètes, artistes ont participé à cette réflexion autour de cinq thèmes : Changement Familial et Perspective du Monde ; Continuité et Changement dans la Communication dans la Société Postindustrielle ; Confusion dans l’Éthique et les Valeurs dans la Société Contemporaine et Approche possible d’une redéfinition ; Rencontre entre l’Est et l’Ouest et Création d’une Culture Globale ; Rencontre humaine avec la Nature, Destruction et Reconstruction.

Parmi les membres de notre Académie qui participèrent activement à cette réunion, aux côtés du Président et du Secrétaire Général de l’Académie Européenne, il faut citer les professeurs Alain Touraine éminent sociologue français, Peter Nagy, Vice-Président de l’Académie, qui évoqua notamment l’éventualité de la constitution d’une littérature globale, et Marc Dupuis, qui présenta les comportements de l’Est et l’Ouest, face à l’évolution des hautes technologies, et bien sûr Monsieur Ante Glibota qui a tissé les liens avec l’Académie Coréenne. Notre confrère Glibota fut le Commissaire de l’Olympiade des Arts de Séoul dont témoigne encore l’un des plus importants parcs de sculptures dans un espace ouvert au Monde, créé à cette occasion, avec 220 sculptures monumentales des plus grands sculpteurs de la deuxième moitié du 20e siècle. Une collection impressionnante de 174 grandes toiles des plus importants artistes internationaux fut également constituée au Musée d’Art Contemporain de Séoul.

Au cours des sept années qui suivirent sa fondation, je viens d’évoquer, à titre d’exemples, l’activité de notre Académie, et poursuivre ce type d’exposé, jusqu’à ce jour, c’est-à-dire jusqu’à ce 25ème anniversaire qui nous rassemble aujourd’hui, me paraît fastidieux.

Je me bornerai donc à jalonner le parcours de l’Académie Européenne, en évoquant seulement quelques réunions qui, tout particulièrement, ont été très importantes pour l’impact qu’elles ont eu ensuite.

Ainsi en 1992, du 6 au 9 novembre, un atelier sur le « Dialogue interculturel » fut organisé à l’UNESCO, avec le concours de l’Académie Royale des Sciences Exactes et Naturelles, de l’Académie Royale des Sciences Morales et Politiques d’Espagne et de l’Association Descartes, et toujours en coopération avec l’UNESCO. La Délégation Générale à la Langue Française et la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de Belgique apportèrent également leur concours à cette importante réunion.

En 1993, un atelier sur « La dimension culturelle du développement scientifique et technologique » fut aussi organisé du 1er au 3 octobre sous les auspices de l’Académie Croate des Sciences et des Arts et de l’Université de Zagreb, sous le Haut Patronage de Monsieur Franjo Tudjman, Président de la République Croate. Cet Atelier se tint au Centre International des Universités situé à Dubrovnik.

Du 15 au 17 octobre 1994, l’UNESCO, notre Académie, l’Institut International d’Études des Droits de l’Homme, et l’Agence Spatiale EuropÉenne, organisèrent à Trieste, en Italie, un colloque international particulièrement important car il traitait de « L’éthique des applications des sciences ».
La Délégation Générale de la langue française et la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en Belgique, s’y associèrent également.
A cette occasion notre commission des recommandations suggéra à l’UNESCO de créer une Commission Mondiale, chargée de mettre en œuvre une utilisation des connaissances scientifiques, tenant compte des préoccupations éthiques.

Reprenant cette recommandation, c’est au cours de l’année 1996, que le Professeur Federico Mayor, Directeur Général de l’UNESCO, constitua un groupe de travail, dont notre Président Daudel fit partie, pour mettre en œuvre cette proposition.

En 1997, suite à notre Colloque de Trieste, la Commission Mondiale de l’éthique des connaissances scientifiques et des technologies de l’UNESCO vit le jour.

Depuis 1997, cette Commission se réunit tous les ans, sous des présidences différentes.

C’est encore au cours de l’année 1996, que le Professeur Federico Mayor, Directeur Général de l’UNESCO, me demanda de concevoir une exposition internationale sur les relations actuelles entre les Sciences et l’Art.
Cette exposition fut organisée à l’UNESCO en coopération avec les spécialistes du secteur Culture de l’UNESCO.
DU 20 mai au 2 juin 1997, cette importante présentation d’œuvres contemporaines fut présentée dans la salle Miro de l’UNESCO, les œuvres d’art ayant été choisies pour représenter les différentes manières d’établir des liens entre les sciences et l’art.

La première partie de cette exposition présentait des œuvres qui s’inspiraient de la science. J’avais moi-même présenté une de mes peintures intitulée « Naissance de l’Univers » qui évoquait le « grand boum », cette immense explosion que les astrophysiciens imaginent à l’origine de l’Univers.

Une autre section concernait les moyens d’expressions artistiques qui sont nés à partir des nouvelles technologies.
Une œuvre de l’artiste allemand Dieter Jung figurait parmi ces réalisations assez spectaculaires. Elle était réalisée à partir de la technique de l’holographie, et donna lieu à de belles compositions colorées tridimensionnelles constituées de faisceaux lumineux.

La troisième partie de l’exposition évoquait la science génératrice de beauté. Mandelbrot, par exemple, démontra qu’en donnant à un ordinateur des instructions à l’aide d’une simple formule nommée algorithme, on peut faire apparaître des dessins d’une étonnante complexité qui peuvent évoquer d’étranges paysages pleins de mystère.

La dernière partie de cette remarquable exposition concernait l’art et la science, à la conquête de nouveaux espaces. Une œuvre de Jean-Marc Philippe intitulée « L’oiseau archéologique du futur » était une sorte d’oiseau satellite contenant de nombreux messages, qui, en 2001, ont été injectés sur une orbite appropriée.
Soumis aux seules lois de la balistique il devrait revenir sur son sol natal après un vol d’une durée comprise entre 500.000 ans et un million d’années.
Comme on le constate les artistes de l’Académie Européenne sont résolument tournés vers un art nouveau.

Du 25 au 27 septembre 1997, l’UNESCO et notre Académie, organisèrent un atelier pour « Promouvoir les industries pharmaceutiques et régionales ». Cette importante réunion eut lieu dans les locaux du Fonds National Suisse à Berne, avec le concours de la Conférence des Académies Scientifiques Suisses, de l’Organisation Mondiale de la Santé, et de la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de Belgique.

Du 6 au 11 septembre 1999, l’UNESCO et notre Académie, organisèrent un Atelier sur le thème « Sciences fondamentales et maladies émergentes » à l’UNESCO, à Paris, avec le concours de l’Organisation Mondiale de la Santé, et de l’Organisation des Nations Unies, pour l’Alimentation et l’Agriculture.
C’est au cours de cette réunion que fut créé le Réseau d’Experts concernant « Les sciences fondamentales et les facteurs pathogènes émergents », que le Professeur Daudel a évoqué précédemment.

À Bruxelles fut organisé du 21 au 23 septembre 2000, un important colloque sous
l’égide de notre Académie, de l’UNESCO et de l’Académie Royale de Belgique
sur le thème de “Science, technologie et art à l’aube du troisième millénaire
pour une culture de la paix”
Parmi tant de réunions importantes signalons encore l’Atelier organisé du 20 au 22 septembre 2001 à Trieste en Italie, par notre Académie, sous les auspices de l’Académie Mondiale des Droits de l’Homme, sur le thème « Éducation, inter-culturalité et pluralisme culturel pour la promotion de la paix et de la sécurité humaine. 

À Carthage en Tunisie fut organisé du 18 au 21 septembre 2002 un colloque
sous l’égide de l’Académie Tunisienne des Sciences, des Lettres et des Arts « Beit al-Hikma », de notre Académie, de l’Académie des pays méditerranéens , l’UNESCO
sur le thème de  « La science au service de la Méditerranée ».

L’année dernière, à Paris, du 25 au 27 septembre 2003, fut organisé un colloque au siège du Centre des Sciences de l’Académie Polonaise, sous l’égide de l’UNESCO de notre Académie et du Centre des Sciences de l’Académie Polonaise sur le thème
« Problèmes scientifiques et éthiques posés par des avancées technologiques,(O.G.M. et fuite des cerveaux) ».

Durant 25 années notre Académie a donc œuvré dans des directions très variées, allant de l’Art aux Sciences les plus complexes.
Un siège annexe pour la France de notre Académie se trouve également à Antibes. C’est la raison pour laquelle j’ai eu l’occasion d’organiser plusieurs Rencontres Interculturelles qui connurent un grand succès par leur originalité, notamment le 14 mai 1983 et les 1er et 2 juin 1984.

La première de ces rencontres contribua à établir des liens entre la Bulgarie, la France, et Sénégal. La deuxième visait également à renforcer les liens entre la France, le Japon et le Portugal.
Un millier de personnes assistèrent à chacune de ces soirées, qui eurent le mérite de faire mieux connaître et apprécier la Culture d’une ethnie dans de nombreux pays.

Comme on le constate, l’idée de créer en 1973 une Académie Européenne lors d’un Congrès de la Paix à Moscou, devait tout naturellement avoir un prolongement et se poursuivre dans la même direction à travers notre Académie Européenne des Sciences des Arts et des Lettres.
Car, durant 25 années, dans la discrétion, celle-ci a œuvré inlassablement pour une meilleure qualité de vie, pour une meilleure compréhension entre tous les peuples.

Que tous ceux qui nous ont aidés, soutenus, suivis, en soient grandement remerciés. L’Académie Européenne est appelée à poursuivre son chemin, avec des hommes et des femmes, venus de tous horizons, venus de tous pays, tous épris d’une même éthique, pour le devenir de l’humanité.